Quand Bukavu et Goma deviennent inaccessibles : Faut-il rester à Uvira ou traverser au Burundi?
Published on Friday 24 October 2025 - 17:21
Face à l’insécurité persistante dans les villes de Bukavu et Goma, jadis considérées comme les principaux pôles universitaires de l’Est de la RDC, les jeunes diplômés d’Uvira se retrouvent devant un choix difficile : poursuivre leurs études à Uvira ou traverser la frontière vers le Burundi. Un débat qui divise familles et étudiants.
Pendant des décennies, Bukavu et Goma ont accueilli des milliers d’étudiants venus d’Uvira, Fizi et d’ailleurs. Ces villes offraient une diversité de filières et des institutions universitaires de qualité. Faute d’infrastructures locales solides, la majorité des jeunes diplômés d’Uvira préféraient s’y rendre pour continuer leur parcours académique. Certains prenaient même la route de Lubumbashi, Kisangani ou Kinshasa, selon leurs moyens financiers.
Mais avec l’introduction du système Licence-Master-Doctorat (LMD) au Burundi, de nombreux Congolais ont commencé à s’y intéresser. En trois ans seulement, ils pouvaient obtenir un diplôme de licence, avec des frais académiques abordables, une vie sociale stable, une bonne sécurité et un coût de vie modéré.
« Étudier au Burundi, c’était un rêve pour beaucoup », confie un ancien étudiant d’Uvira. « Le transport, le logement, l'éléctricité, l'eau, l'internet, la communication, la nourriture, tout était plus accessible qu’au Congo. »
Ce succès burundais avait poussé plusieurs Universités congolaises à repenser leur modèle afin d’attirer les étudiants nationaux. Des réformes ont été amorcées : introduction du système LMD à Uvira, recrutement de professeurs venus d’autres provinces et même de l’étranger.
Cependant, la situation a profondément changé ces dernières années. Les affrontements armés dans le Nord et le Sud-Kivu, notamment avec la présence du M23, rendent les déplacements vers Bukavu et Goma quasi impossibles. Le trafic entre Uvira et Bukavu est bloqué, isolant davantage les étudiants du littoral sud du lac Tanganyika.
De l’autre côté, au Burundi, le contexte s’est également durci. Depuis les événements de 2015, le pays connaît des tensions sécuritaires récurrentes : bouclages, contrôles domiciliaires, et arrestations ciblant parfois des Congolais, y compris des étudiants. « Même avec mes papiers en ordre, j’ai déjà été arrêté deux fois », témoigne un étudiant congolais basé à Bujumbura.
La cherté de la vie s’ajoute à la peur. Les loyers grimpent, l’électricité, le transport et l’eau se font rares, la connexion internet reste faible malgré son prix bas, et les Universités ont revu leurs frais à la hausse.
Pendant ce temps, à Uvira, plusieurs institutions locales montent en puissance. Le système Bac+3 y est déjà implanté, les infrastructures se modernisent et la présence de professeurs qualifiés devient plus fréquente.
D’après un sondage mené par AVERTICOM, une majorité de parents préfèrent désormais garder leurs enfants à Uvira. « C’est plus sûr et moins coûteux », affirme un père interrogé. Mais certains étudiants restent convaincus du contraire : « Le Burundi offre une ouverture sur le monde, une expérience internationale qu’on ne trouve pas ici », défend un jeune diplômé.
Ainsi, entre sécurité, qualité académique et coût de la vie, le choix entre Uvira et le Burundi reste un véritable casse-tête. Une chose est sûre : les étudiants de l’Est congolais, autrefois tournés vers Bukavu et Goma, cherchent aujourd’hui de nouvelles routes pour réaliser leurs rêves d’avenir parfois sans quitter leur ville natale.
La Rédaction d’AVERTICOM.
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